On ne se jette pas tête première dans un projet de serre comme on se jette en bas d’un plongeon à la piscine municipale durant une chaude journée d’été. Plusieurs facteurs sont à considérer avant d’entreprendre la construction d’une serre.
Une serre ne peut être construite avant d’avoir déterminé deux choses : ce que vous voulez cultiver et la faisabilité de votre plan d’affaires. Le type de culture vous permettra de déterminer plus adéquatement le modèle de serre, le budget alloué à celle-ci ainsi que la durée de la période de production. En étudiant la faisabilité de votre plan d’affaires, vous pourrez évaluer des facteurs d’impact comme la stratégie de mise en marché, vos opportunités, la proximité du marché, les moyens de transport qui seront nécessaires, etc.
Une fois que ces 2 facteurs sont déterminés, il sera temps de vous attaquer au projet de construction de serre. Pour cela, vous devrez vous soucier des 3 principaux points suivants.
1. La localisation de la serre
Que vous construisiez votre propre serre, assembliez un kit ou en fassiez construire une par un manufacturier, il est essentiel de choisir la localisation optimale pour l’installer. Pour trouver votre emplacement de rêve, il faut prendre en compte :
a) Les ordonnances, permis et clauses restrictives
Assurez-vous qu'il n'y a pas d'ordonnances locales, de permis ou de clauses restrictives qui pourraient avoir une incidence sur la construction d'une serre.
b) Le type de sol
En prévention des saisons pluvieuses ou des risques d’inondations, il est préférable de trouver un terrain plat qui sera à l'abri de subir un fort ruissellement.
De plus, la production maraîchère se fait principalement directement dans le sol de la serre, il serait judicieux de passer une analyse du sol pour évaluer sa fertilité et ses nutriments. Restez à l’affût des contaminants indésirables dans le sol qui pourraient se retrouver dans vos aliments !
c) La neige
Dans les régions avec des hivers particulièrement enneigés, il faut prévoir que la neige risque de s’accumuler sur et autour de la serre. En plus de potentiellement créer un cycle de fonte et de gel pouvant endommager une mauvaise fondation, il y a aussi un risque de lourdeur avec l’accumulation de neige ; si l’on ne prend pas le temps d’enlever l’excès ou de construire un bâtiment suffisamment solide, alors le risque d’effondrement de votre serre ne sera qu’une bombe à retardement prête à exploser.
d) Le soleil et l’orientation de la serre
D’autant plus important dans les régions froides, votre serre doit se situer sur un terrain ensoleillé avec le moins d’obstruction causée par des arbres. N’oubliez pas que l’angle du soleil varie selon les différentes périodes de l’année : il sera plus haut dans le ciel au milieu de l'été, et plus bas à d'autres moments de l'année.
La lumière du soleil et votre position géographique peuvent aussi influencer l’orientation de la serre. Considérant le climat plus froid de l’Amérique du Nord, l’orientation optimale serait directement vers le sud ou sud-est afin de bien capter la lumière matinale. Dans la majorité des cas, il est pertinent d’éviter d’orienter sa serre vers l’ouest, les risques de surchauffage étant plus grands.
Cependant, dans des régions comme le nord-ouest où la saison hivernale est davantage nuageuse, l’orientation a moins d’importance. Il faut aussi noter qu’à des latitudes plus élevées, lors de la saison estivale, le soleil se déplace plus au nord.
Bien entendu, ces recommandations ne sont pas absolues ; prenez bien le temps d’examiner votre situation et faites un choix propice en fonction.
e) L’eau et l’électricité
Que ce soit pour arroser à la main, pour irriguer avec un système goutte à goutte ou avec un système d’arrosage, il est nécessaire d’avoir un accès à l’eau à proximité. Au besoin, mettez la serre à l'abri du gel afin d’éviter des dommages causés par le froid.
L’électricité vous servira pour l'irrigation, la lumière ou le chauffage. Prévoyez les installations et le branchement en conséquence.
f) Le vent
Si votre région est prônée aux vents violents, ancrez et orientez votre serre face au vent. Quelques idées pour se protéger du vent seraient d’inclure une ligne d’arbres (sans que ceux-ci bloquent la lumière du soleil pour la serre) ou une berme de terre.
Les vents forts peuvent abîmer vos plants. Une des meilleures options pour éviter ce genre de situation serait d’avoir un toit de serre avec des rolls up qui s’ouvriront et se fermeront automatiquement en captant le vent.
g) L’espace
Vous devez disposer d’un espace suffisamment grand pour votre culture actuelle et éventuelle. Nombreuses sont les situations où des producteurs et productrices ont besoin de plus d’espace qu’ils ne l’avaient estimé au départ.
Pensez aussi en visant la croissance de la production : prévoyez de l’espace supplémentaire en cas d’expansion ou d’ajout d’une nouvelle culture.
2. Les types de serre et coûts
Investir dans une serre dépend avant tout de l’usage que l’on souhaite en faire. Votre achat final doit convenir à vos besoins, votre espace disponible et aussi à votre budget. Si l’on y va en examinant le facteur prix et taille de la serre, vous pourrez trouver dans le Guide des serres - Ce qu'il faut savoir avant de les construire une liste qui présente quelques options s’offrant à vous.
Les 2 types de serres les plus communes sont les serres tunnel et les serres en verre. Bien que cette dernière a prouvé être très polyvalente et adaptée pour l’hivernage, on voit plus souvent les maraîchers travailler avec les modèles de serres tunnel.
C’est l’option la plus intéressante pour les petits producteurs qui ne peuvent se permettre de payer des sommes faramineuses. Les tunnels recouvrent les cultures tout en gardant la chaleur du sol, permettant ainsi de commencer plus tôt dans l’année la production en plus de faire doubler le rendement annuel usuel. C’est pourquoi nous nous concentrerons sur ce modèle aujourd’hui, mais vous pouvez toujours lire davantage d’informations sur les serres en verre si l’idée vous semble intéressante.
Les serres tunnel sont idéales pour cultiver des plantes et des légumes durant une bonne partie de l’année (ou à longueur d’année tout dépendant de la région et du climat dans lequel vous êtes). Elles représentent assurément le meilleur choix pour les maraîcher(ère)s faisant de la culture en plein sol et désirant augmenter leur rendement de production. En plus d’avoir un prix plus attrayant que les serres en verre, vous pourrez aussi trouver des subventions pour financer l’achat et la construction de votre serre. Il est important cependant de noter que ces subventions ne sont pas automatiquement octroyées une fois la ou les demande(s) déposée(s).
Il est possible de construire sa propre serre à partir de ses propres ressources ou même d’un kit achetable en ligne. Assurez-vous cependant d’avoir du matériel robuste de qualité qui sera à l'épreuve du temps et des caprices météorologiques. Sinon, pour faire un choix judicieux adapté à vos différents critères de sélection, vous pouvez toujours acheter des serres de fabricants.
Voici une courte liste de fabricants de serres aux modèles variés.
3. Équipement de la serre
Il peut être difficile de savoir par où commencer lorsqu’on entreprend un projet d’envergure comme une serre. En fonction de votre engagement et de votre budget, vous pouvez ajouter à l’intérieur des étagères, des ventilations automatiques, un système de brumisation, un système de chauffage, un ventilateur, un porte-outil et la liste est longue. Réfléchissez à ce dont vous avez vraiment besoin, à ce que vous aimeriez avoir et à ce pour quoi vous avez de la place.
Il y a un certain nombre d’éléments essentiels à la construction et à l'utilisation de presque toutes les serres. La première chose à savoir, c’est que tout équipement avec un interrupteur ON-OFF peut facilement être automatisé, vous permettant ainsi d’économiser du temps, de l‘énergie et de l’argent sur des ressources humaines (main-d'œuvre) et énergétiques.
Généralement, on retrouve parmi l’équipement de serre qui peut être automatisé :
a) Le chauffage (chaudières, aérothermes, distribution d'eau chaude)
Les sources de chaleur des serres comprennent : le chauffage hydronique (chauffage au sol), la géothermie, les radiateurs électriques, les chauffages au propane ou au gaz naturel, la biomasse, la fournaise, etc.
La fournaise est généralement le choix le plus répandu et est très facile à automatiser. Un modèle universel que nous utilisons comme exemple dans notre Guide de l’utilisateur est celui de la fournaise Modine.
b) Le refroidissement et débit d’air (ventilation, pad et ventilateurs, A/C)
Le but d'une serre est de capturer la chaleur, mais elle peut devenir trop chaude par temps chaud. Vous avez besoin d'une ventilation, sinon vos plantes vont mourir. Vous avez le choix entre de la ventilation naturelle ou mécanique. La ventilation naturelle utilise le vent extérieur et fait l’échange d’air à l’aide d’ouvrants latéraux et au toit. Il est possible d’automatiser l’ouverture et la fermeture des ouvrants.
Il y a 2 types de ventilation mécanique : la ventilation par extraction et la ventilation par pression positive. La ventilation mécanique est essentielle pour les productions à l’année. Elle est aussi recommandée pour les serres moins exposées aux vents. Il est aussi possible d’automatiser ce genre d’installation.
c) Le contrôle d’humidité (brouillard, ventilation)
Une faible circulation d'air, une humidité excessive et des températures élevées peuvent également entraîner des moisissures, de l'oïdium et d'autres maladies des plantes. Il est possible de surveiller l’humidité dans votre serre avec un indicateur d'humidité ou avec un capteur de température et d’humidité, deux options possibles à automatiser. Pour avoir davantage de détails sur un bon contrôle de l’humidité en serre, cliquez ici.
d) L’irrigation (valves et capteurs, brumisateur, hydroponique)
Vérifiez régulièrement l'humidité du sol et arrosez si nécessaire pour éviter que vos plantes ne se dessèchent. Faites bien attention cependant de ne pas trop irriguer afin de ne pas noyer vos plants ni augmenter inutilement le taux d’humidité. Il est possible de surveiller le taux d'absorption de l’eau dans le sol et éviter un arrosage excessif avec un tensiomètre.
Les 2 manières les plus communes d’irriguer sont avec des valves ou des brumisateurs, deux équipements facilement automatisable.
Pour choisir du matériel durable et adapté à vos cultures, voici quelques suggestions de manufacturiers d’équipement de serres pouvant répondre à vos besoins.
Lutter contre les parasites
Les parasites apprécient les conditions d’abri autant que vos plants. Pour éviter les visites d’indésirables dans votre serre, la première étape est de garder votre serre et vos outils de jardinage propres. Inspectez minutieusement vos plants pour vous assurer qu’il n’y a pas de maladies ou insectes nuisibles avant de les introduire dans la serre.
Retirez immédiatement les plantes présentant des insectes ou des maladies. La pulvérisation du feuillage des plantes peut être faite avec, par exemple, le savon anti-insectes Safer® qui tuera ou dissuadera de nombreux insectes nuisibles à corps mou. Faites également entrer les bons insectes pour qu'ils aident à lutter contre les parasites. Vous pouvez également introduire des pollinisateurs pour la fructification de vos plants et inoculer le sol avec des champignons mycorhiziens pour aider à établir un écosystème sain.
Voici une liste des ravageurs de serre les plus communs :
- Pucerons
- Mycoses
- Moucherons
- Vers gris et autres chenilles
- Aleurodes
- Mouches de rivage
- Limaces
- Glycera (bloodworms)
Notez que les souris, les musaraignes et les serpents peuvent s’installer dans votre serre et affecter votre production.
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