Le sol sur lequel on cultive a un impact fondamental sur la production. C’est un aspect à considérer dès qu’on commence un projet de production en serre.
Mais ce n’est pas facile de différencier les types de sols entre eux. Chacun a ses propres particularités qu’il faut identifier pour les reconnaître. Tu dois aussi être en mesure, au-delà du type de sol, de connaître ses caractéristiques. Mon sol est-il pauvre en nutriments? Trop acide? Trop calcaire? Optimise ta production en apprenant à connaître ton sol avec ces 5 questions essentielles!
1. Sur quel type de sol je produis?
Un sol sableux
Un sol sableux est composé à plus de 60 % de sable. Il est de couleur claire. Sa texture est granuleuse au toucher. Léger et aéré, il est très facile à travailler. C’est un des principaux types de sols retrouvés au Québec. Il convient bien à la culture de l'asperge, de la carotte, de la pomme de terre, des betteraves, des radis, des navets, des céleris, des fraisiers ou toute autre plante ayant une racine pivotante.
Avantages | Désavantages |
Offre une bonne aération | Ne conviens pas aux végétaux ayant besoin de beaucoup d'eau |
Offre un bon drainage | Retiens mal l’eau ; a tendance à vite sécher |
Se travaille bien | Peu fertile ; retiens mal les nutriments |
Se réchauffe rapidement au printemps, ce qui permet des cultures précoces | Sujet au lessivage ; trop irriguer lessivera les nutriments du sol dans la nappe phréatique |
| À tendance à être acide |
Un sol argileux
Ce type de sol brun rougeâtre contient plus de 1/3 d’argile. Son aspect lourd et compact le rend difficile à travailler en toutes saisons. Il se démarque par sa texture collante lorsqu’il est humide et dur lorsqu’il est sec. C’est un des principaux types de sols retrouvés au Québec. C’est un super sol pour la culture de tomates, choux, choux-fleurs, brocolis, choux de bruxelles, des aubergines, etc. Évite les légumes racines qui n’aiment pas les sols asphyxiants, les plantes désertiques et autres qui ont besoin d'un drainage rapide.
Avantages | Désavantages |
Sol très fertile par sa richesse en nutriments | Peu de place pour la circulation de l'eau et air |
Retiens bien l’eau | Draine mal l’eau ; s'il est gorgé d'eau la croissance végétale sera affectée |
Retient bien les éléments nutritifs | Difficile à travailler |
| Se réchauffe lentement au printemps, ce qui freine la levée des graines et la croissance des plantes |
IMPORTANT: Pour aérer un sol argileux et améliorer son drainage, ajoute annuellement un copieux apport en compost. Mais pas de sable, pour ne pas le déstructurer et l’appauvrir.
Un sol limoneux
On retrouve généralement ce type de sol à proximité de cours d’eau. Le sol limoneux est poudreux au toucher quand il est sec. Ce sol a tendance à former une croûte en surface sous l'effet des pluies et des arrosages. Ça le rend imperméable à l'eau et à l'air. Dans ce sol, évite la culture des légumes racines (y compris les panais et les carottes), les plantes désertiques et autres qui ont besoin d'un drainage rapide. Vise plutôt le blé, le maïs, le melon, les betteraves, les framboisiers, les fraisiers, etc.
Avantages | Désavantages |
Se travaille sans effort | Fragile ; s’érode facilement |
Fertile ; permets aux plantes de bien développer leurs racines | Retiens moyennement l’eau ; il va donc sécher vite en été |
Se réchauffe vite dès les premiers ensoleillements printaniers | S’appauvrit au fil des années sous l’effet de la pluie, des arrosages et du piétinement |
IMPORTANT: Étalez du compost ou du fumier pour ne pas laisser le sol nu. Ça va aussi lui permettre de garder sa fertilité.
Un sol loameux
Un sol loameux est constitué d'environ 40 à 60 % de sable, 30 à 50 % de limon et 15 à 25 % d'argile. On maintient et améliore les propriétés de ce sol en ajoutant régulièrement de la matière organique. Ce type de sol est excellent pour la plupart des fruits et légumes. Mais il se prête particulièrement bien pour la culture du blé, du coton, la canne à sucre, les baies, les légumineuses, etc.
Avantages | Désavantages |
Se réchauffe facilement | Sensible à l’érosion par le vent |
Bon équilibre entre l’aération et le drainage | Sol parfois très acide pouvant nuit au développement des végétaux |
Bonne rétention de l’eau et éléments nutritifs | |
Excellent sol de culture | |
2. C’est quoi la structure de mon sol?
La structure d'un sol désigne la façon dont les particules de sable, de limon et d'argile sont disposées les unes par rapport aux autres. Dans un sol bien avec une structure idéale, les particules de sable et de limon sont liées en petites mottes, nommées agrégats.
Plus il y a de grands espaces vides entre les agrégats, mieux l’eau et l’air peuvent circuler. C’est aussi plus facile pour les racines de s’enfoncer dans le sol. On appelle ces grands espaces vides “macropores”. On retrouve aussi de petits espaces vides, nommés micropores, qui retiennent l’eau donc les plantes ont besoins.
Les sols argileux, sableux et limoneux présentent rarement une structure idéale. On peut toutefois les améliorer en incorporant des amendements. Pour un sol argileux, tu peux améliorer sa structure avec des apports en matières organiques sous forme de compost ou de fumier composté. Ces amendements sont préférablement incorporés à la fin de l'automne.
C’est préférable pour les sols sableux d'incorporer ces amendements au début du printemps, car le travail des ce type de sol à l'automne favorise leur érosion.
Finalement, pour un sol limoneux, améliore le drainage et l'aération avec des apports importants de compost ou de fumier composté. Comme pour un sol argileux, c’est préférable d'incorporer ces amendements à la fin de l'automne.
3. C’est quoi le pH d’un sol et comment calculer le mien?
Le pH, ou « potentiel hydrogène » désigne l’unité de mesure du degré d’acidité du sol. La quantité de pH dans le sol affecte la disponibilité des éléments nutritifs. Un sol trop acide ou calcaire empêche les plantes de bien absorber les minéraux dont elles ont besoin, même s’ils sont dans le sol. Un pH inapproprié à tes cultures déséquilibre la structure du sol, favorise les maladies fongiques et menace la survie de plusieurs organismes vivants bénéfiques.
On la compte sur une échelle de 1 à 14. Ton sol va être calcaire si son pH est supérieur à 7. Quand il est inférieur à 7, il va être acide. S’il est bien proche de 7, il va être qualifié de neutre. La plupart des sols ont un pH situé entre 4 et 9. L’idéal étant une terre avec un picohenry légèrement acide, situé dans les alentours de 6,5. C’est ce qui convient à la majorité des plantes.
La technique la plus simple consiste à placer une poignée de terre prélevée à 20-30 cm de profondeur dans deux récipients. Sur l’une des poignées de terre, verse quelques gouttes de vinaigre blanc. Si une mousse blanche se forme, ta terre a une tendance calcaire.
Dans l’autre récipient, mélange l’échantillon de terre avec un peu d’eau de pluie ou déminéralisée. Sur la terre mouillée, saupoudrez du bicarbonate dessus. Si une réaction effervescente (la production d’un gaz) se produit, ta terre est acide. S'il n'y a aucune de ces deux réactions, ton sol est neutre.
Tu pourrais aussi acheter un kit de test pH. Ça fonctionne à l’aide d’une solution chimique réactive, mélangée dans un tube avec un échantillon de terre et de l’eau distillée. Tu dois ensuite plonger une bandelette de papier pH à l’intérieur. Le papier se colorera d’une certaine teinte. Il faudra comparer la couleur obtenue avec le nuancier pour déterminer la valeur du pH du sol.
4. Que faire si mon sol est trop acide?
L’acidité parfaite d’un sol se situe aux alentours de 6,5 pH. Un sol trop acide se démarque par une faible activité microbienne. On y retrouve aussi peu de vers de terre. La trop forte acidité perturbera l’assimilation des nutriments nécessaires à la croissance des plants.
Pour compenser cette acidité, utilise des engrais riches en calcium, préférablement organiques. De la chaux ou de la cendre de bois sont aussi de bonnes alternatives pour amender le sol. De plus, en fin d’automne, apporte du calcaire à petites doses sous forme de chaux, de craie ou de dolomie.
5. Que faire d’un sol trop calcaire?
Tu reconnaitras un sol calcaire pas son aspect léger et caillouteux. Il va paraitre un peu blanchâtre et crayeux. Ce sol est perméable à l’eau. Il se réchauffera vite au printemps, mais aura tendance à se dessécher vite en été. Cela formera des crevasses en surface. La pluie le rend facilement boueux et collant.
Tu ne veux pas d’un sol trop élevé en calcaire, car le calcaire est à l’origine des carences sur les végétaux. Comme la chlorose, il peut bloquer l’assimilation de certains minéraux.
Pour acidifier ta terre tout en continuant de l’enrichir, incorpore une grande quantité de matières organiques chaque automne. Tu peux utiliser comme amendements du soufre, du sulfate de fer, des aiguilles de conifères ou des copeaux de bois compostés.
Aucun type de sol n'est meilleur pour ta production maraîchère que les autres. Chacun possède des avantages et des inconvénients. En fait, la qualité d'un sol dépend de l'utilisation que l'on veut en faire. Ça dépend aussi de leur situation géographique, donc du climat. Au final, le meilleur sol que tu puisses souhaiter pour faire ton agriculture est un sol bien équilibré: il doit contenir une bonne proportion d'argile, de limon et de sable, ainsi qu'une bonne quantité de matière organique.
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